Être opéré du cerveau éveillé

on samedi, 28 juin 2014.

Être opéré du cerveau éveillé

Suite à un malaise révélant un problème neurologique, une tumeur volumineuse est découverte chez une jeune femme de 30 ans. Cette lésion évolue visiblement depuis longtemps. Elle atteint aujourd’hui la taille d’une orange et siège dans une région réputée inopérable. Pourtant, la jeune femme vit normalement. Elle ne souffre d’aucun trouble de la sensibilité, de la motricité, de la mémoire, du langage… Son cerveau a de toute évidence compensé au fur et à mesure.

Exemple d’une patiente opérée d’une tumeur du cerveau
 
Suite à un malaise révélant un problème neurologique, une tumeur volumineuse est découverte chez une jeune femme de 30 ans. Cette lésion évolue visiblement depuis longtemps. Elle atteint aujourd’hui la taille d’une orange et siège dans une région réputée inopérable.
Pourtant, la jeune femme vit normalement. Elle ne souffre d’aucun trouble de la sensibilité, de la motricité, de la mémoire, du langage… Son cerveau a de toute évidence compensé au fur et à mesure.
 
Une intervention chirurgicale sous stimulations électriques pendant l’opération ("per-opératoire") est décidée. Le principe est expliqué à la jeune femme. L’idée de subir l’intervention en état d’éveil, inquiète un peu la patiente et sa famille, mais le chirurgien lui explique qu’elle ne ressentira aucune douleur. L’intervention est pratiquée. 
Pendant l’opération, la jeune femme vérifie avec le chirurgien qu’aucun trouble n’est induit par les stimulations, et qu’elle les supporte bien.
Après l’intervention chirurgicale, il existe une petite altération neurologique. Le chirurgien rassure la jeune femme. Aucun site, ou connexions essentielles n’ont été touchés. Elle va récupérer sans dommage. 
 
Guider le chirurgien... et éviter les séquelles
 
L’objectif de ce type d’opération très particulière est d’effectuer une stimulation de certaines régions du cerveau au cours de l’intervention chirurgicale et ainsi d’éviter des séquelles après l’opération et d’optimiser la récupération. En neurochirurgie, les études sur la plasticité ont conduit à mettre au point une forme particulière de stimulation qui permet de guider le geste chirurgical et d’opérer plus de malades qu’autrefois. 
 
Ainsi, on peut aujourd’hui intervenir chirurgicalement sur certaines tumeurs situées dans des régions réputées inopérables, grâce à cette technique qui rend possible le repérage des réseaux de compensation mis en place par le cerveau du patient. 
 
Une "cartographie" individuelle du cerveau
 
La stimulation électrique per-opératoire consiste à tester les réseaux de neurones au moyen d’impulsions électriques de quelques secondes. Elle permet de dresser une cartographie individuelle du cerveau du patient.
 
La stimulation s’effectue au moment même de l’opération, en temps réel. Si un symptôme apparaît lors de la stimulation d’un réseau, on peut affirmer le caractère essentiel du site stimulé dans la nouvelle organisation cérébrale du patient. Il ne faut pas y toucher. Si, à l’inverse, il ne se passe rien, une ablation chirurgicale est possible. 
 
De cette façon, le neurochirurgien vérifie, au fur et à mesure, que l’intervention respecte les connexions essentielles mises en place par le cerveau pour assurer des fonctions comme le langage, la mémoire, les gestes… Et il est possible d’opérer sans créer de séquelles.
 
En pratique, la mise en oeuvre de la stimulation per-opératoire implique que le patient soit opéré éveillé. Il peut ainsi informer le neurochirurgien de l’apparition d’un trouble (langage, gestes…). Cela ne pose aucun problème dans la mesure où le cerveau ne ressent pas la douleur.
 
Après l’intervention chirurgicale, un examen d’imagerie - une IRM fonctionnelle peut montrer l’évolution de la réorganisation cérébrale, en comparaison avec les examens d’imagerie réalisés avant l’opération.
 
La Fédération pour la recherche sur le cerveau finance des travaux sur la plasticité du cerveau, mais aussi sur beaucoup de maladies du cerveau et leurs traitements. Pour en savoir plus : FRC. Santé AZ est depuis 2008 partenaire de la FRC. 
 
Le Pr Hugues Duffau a participé au dossier de presse et à la conférence de presse de la FRC pour le Neurodon 2008.
 

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